L’effet papillon – Voyage en Europe Chapitre 5

18 septembre 2019

Geong-Min retenait sa respiration tandis qu’elle refermait la couche nauséabonde de sa nièce. Elle s’empressa de faire disparaître cette horreur dans la poubelle. Elle s’empara d’un coton qu’elle imbiba de lotion puis nettoya les fesses de Yoona. Soudain, elle vit le carnage : la couche avait débordé, il fallait entièrement changer la petite.

Geong-Min lui retira son pyjama et son body. La jeune femme n’était pas très habile et surtout lente. Bien que plutôt patiente, la petite commença à se mettre à pleurer, elle commençait à avoir froid. Il n’en fallait pas plus pour stresser encore plus la jeune femme. Elle tenta de se dépêcher mais tout ce qu’elle réussit à faire, ce fut de mettre le body à l’envers. Elle râla contre elle-même de son erreur et déshabilla une nouvelle fois Yoona dont les pleurs s’intensifièrent. Elle boutonna le body enfin dans le bon sens quand elle entendit quelqu’un sonner à la porte.

Geong-Min se figea, se demandant qui cela pouvait bien être. Elle prit Yoona dans ses bras et alla voir à sur l’écran de l’interphone. Elle vit Eun-Gi, le garde du corps de son frère Namjoon. Elle lui demanda ce qu’il faisait là mais n’entendit pas sa réponse à cause de Yoona qui pleurait de plus belle. Elle débloqua la porte d’entrée et le garçon se retrouva face à elle quelques minutes plus tard.

– Mademoiselle Lim Ji-Kyung n’est pas là ? Demanda-t-il. Votre frère a oublié son passeport. Je dois lui rapporter.
– Tu arrives trop tard. Ji-Kyung est partie pour l’aéroport il y a environ 20 minutes. Personne ne t’a prévenu ?

Le garçon sortit son téléphone de sa poche pour vérifier si on lui avait envoyé un message. Il réalisa soudain que son appareil était complètement déchargé, il ne risquait pas d’être prévenu.

– Je dois rappeler l’équipe de sécurité. Vous auriez un chargeur ?
– Dans mon sac.

La jeune femme retourna dans le salon et prit son sac à main. Cependant, avec Yoona dans les bras, impossible de fouiller à l’intérieur. Elle la posa sur le canapé et commença à chercher le fameux chargeur. Elle sursauta soudain quand elle entendit la voix de Eun-Gi crier son nom. Elle eut juste le temps de tourner la tête, le garde du corps était là, Yoona dans les bras.

– Non mais ça ne va pas la tête ! On ne laisse pas un bébé sans surveillance sur un canapé ! Elle pourrait chuter ! Tu veux la tuer ?
– Quoi ! Non, bégaya Geong-Min.
– Et c’est quoi cette tenue ? Elle grelotte, tu n’as pas remarqué ?

Autant elle ne pouvait pas nier qu’elle avait risquer l’accident en posant sa nièce sur le canapé sans s’assurer qu’elle ne puisse pas bouger, autant elle n’aimait pas le ton qu’employait le garçon pour la faire passer pour une incapable. Elle resta un instant stupéfaite. Elle resta figée, le chargeur de portable dans sa main, incapable de lui répondre. Le garde du corps ne sembla plus du tout préoccupé par son portable à plat. Geong-Min sentit son visage s’empourprer sous le regard accusateur d’Eun-Gi. Elle se mit à bredouiller des excuses, se sentant terriblement honteuse de son erreur.

– Je suis désolée, je ferai plus attention la prochaine fois, promit Geong-Min.

Eun-Gi la fixa quelques instants. Il souffla avant de prendre la direction de la chambre de Yoona.

– Je ferais mieux de m’en occuper. Tu sais où sont rangés ses vêtements ?

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Quelques minutes plus tard, le jeune homme sortit de la chambre à coucher, sur la pointe des pieds, il venait de mettre au lit Yoona. Il retrouva Geong-Min qui rangeait le salon. La jeune femme n’avait pas trop aimé que Eun-Gi remette en cause ses facultés à s’occuper de sa nièce. Elle n’était pas une professionnelle de la garde d’enfant mais Ji-Kyung lui faisait assez confiance pour lui confier Yoona.

Elle posa le plaid qu’elle venait de plier puis rangea les livres qui s’entassaient sur la table basse et autour. La lecture était une véritable passion pour son frère et cela encombrait une partie du salon. Elle débarrassa ensuite les tasses sales, les posant dans l’évier de la cuisine. Elle commença ensuite à faire la vaisselle tandis qu’Eun-Gi la rejoignit dans la cuisine.

– J’ai mis à charger ton portable, indiqua Geong-Min en pointant du doigt le mobile. Tu le prends et tu t’en vas.
– Tu me fais la tête ?
– Tu me tutoies maintenant ? Bien sûr que je t’en veux. Tu me prends pour une débile.
– J’ai jamais…
– Arrête, tu m’as encore regardé avec ces yeux. Tu as encore ce regard, celui que tu avais pendant notre voyage.
– Mais quel regard ? Demanda Eun-Gi en affichant une moue surprise.
– Celui-ci. Celui qui veut dire : comment Namjoon peut-il avoir une sœur aussi pathétique.
– Je n’ai jamais….

Eun-Gi tentait de se justifier mais les mots ne lui venaient pas. Il ne l’a trouvait nullement pathétique mais devait avouer qu’il avait souvent du mal à la comprendre. Cela ne voulait pas dire qu’il ne l’aimait pas. Simplement, le caractère imprévisible de la jeune femme le déroutait souvent.

– Tu vois, tu es incapable de me contredire, fit Geong-Min pour appuyer sa théorie.

Le garde du corps se demanda pourquoi tout dérapait ainsi si vite. Il avait sûrement sur-réagit en accusant Geong-Min de négligence. Après tout, il ne s’était rien passé de grave, il aurait pu lui faire remarquer son erreur autrement. Il voulut trouver un moyen de s’excuser mais la jeune femme ne semblait pas prête à l’écouter. Il en fut convaincu à la façon expéditive dont elle faisait la vaisselle. Elle rinça un verre puis le posa sur la paillasse. Sauf qu’elle le posa un peu trop violemment. Il se brisa, les morceaux de verre lui coupèrent la main. Elle lâcha un cri, davantage de surprise que de douleur. Geong-Min s’apprêtait à râler mais fut coupé dans son élan. Eun-Gi venait de lui prendre sa main blessée.

– C’est superficiel mais tu devrais désinfecter et bander ta main, déclara le garçon après observation de sa blessure.
– C’est bon, pas besoin !

Elle s’empressa de retirer sa main de celles du garçon puis pour prouver que sa blessure ne méritait pas tous ses soins et retourna à sa vaisselle. A peine avait-elle plongé sa main dans l’eau chaude savonneuse qu’elle regrettait son geste. Elle eut l’impression de plonger sa main dans l’huile chaude alors qu’il ne s’agissait que d’eau. Elle la retira aussi vite que possible et tenta de sécher sa plaie avec un torchon qui traînait par là.

Sa main était encore humide quand elle sentit Eun-Gi lui retirer ce tissu sale des mains et l’entraîner ailleurs. Il agrippa son poignet la tira derrière lui. Elle tenta de se défaire de son emprise mais il la tenait fermement. Elle lui demanda ce qui faisait mais ne répondit pas, se contentant de la conduire dans la salle de bains. Finalement, il finit par la lâcher et lui ordonna de s’assoir sur le rebord de la baignoire. Elle s’exécuta mais râla contre le garçon, lui disant qu’elle n’avait pas besoin de son aide. Il n’en tint pas compte et farfouilla dans les placards. Il finit par trouver une boîte de premiers secours.

– Je peux le faire moi-même, fit la jeune femme en essayant d’ouvrir la boîte que rapportait le garçon.
– Je vais t’aider, c’est ta main droite qui est blessée.
– C’est bon je vais y arriver, répondit-elle alors que l’antiseptique lui glissait de la main.
– Ce n’est pas possible d’être aussi têtu ! Pourquoi refuses-tu qu’on t’aide ? Demanda Eun-Gi passablement énervé en récupérant le flacon d’antiseptique.
– Je refuse que tu m’aides, nuance. Je ne veux pas qu’il se passe la même chose qu’à Vienne.
– Je croyais qu’on devait jamais en reparler et oublier ce qu’il s’est passé cette nuit-là. Tu as bien insisté là-dessus. Pourquoi tu parles de ça maintenant ?

Geong-Min ne répondit pas. En réalité, elle ignorait pourquoi elle reparlait de cette nuit à Vienne. Eun-Gi n’était pas responsable de ce qui s’était passé cette nuit-là , dans sa chambre d’hôtel. Enfin, elle le croyait, en réalité, elle n’avait aucun souvenir précis. Juste des bribes de moments, qu’elle avait bien du mal à remettre dans l’ordre. Lorsqu’elle s’était réveillée nue, dans son lit et qu’elle avait vu Eun-Gi sortir de sa salle de bains, elle comprit qu’elle avait dérapé.

Tellement absorbée par ses souvenirs européens, la jeune femme ne remarqua pas que Eun-Gi s’était occupée de sa main. Lorsqu’elle reprit conscience, le garçon était agenouillé devant elle et fixait son bandage avec du ruban adhésif.

– J’ai l’impression étrange que tu m’en veux pour ce qui s’est passé en Autriche. Je te rappelle que c’est toi qui m’a sauté dessus.
– J’étais bourrée ! se justifia Geong-Min.
– Oui, et pas qu’un peu, fit le garçon un brin moqueur.
– Tu as profité de la situation alors que je n’étais clairement pas en possession de tous mes moyens.
– J’ai eu un moment d’égarement, je suis désolé.
– Un moment d’égarement ?
– Je t’en prie, c’était juste….

Eun-Gi se releva brusquement. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle reparla de cet incident. Il s’en voulait déjà bien assez d’avoir failli dans son rôle de garde du corps. C’était la première fois qu’il faisait une telle erreur. Geong-Min avait choisi d’effacer ce moment de leurs souvenirs, cela lui convenait très bien.

– Pas besoin d’en faire tout un plat. J’ai bien compris que cela ne signifiait rien pour toi. Ce baiser n’était…
– Arrête, tu as fait bien plus que m’embrasser ! S’écria soudain Geong-Min.

Une mine déconfite s’afficha sur le visage de la jeune femme alors qu’une sensation de poignard traversa la poitrine de Eun-Gi. Il ne réalisa même pas qu’il lâcha la boîte de premiers secours. Elle s’écrasa au sol, éparpillant aux quatre coins de la pièce son contenu.

– Je sais que j’ai fait n’importe quoi cette nuit, j’ai bu plus que de raison, fit la jeune femme se rapprochant d’Eun-Gi sans quitter ses yeux. Je sais que c’est de ma faute, je ne peux m’en vouloir qu’à moi-même d’avoir agi si stupidement.
– Geong-Min, tenta de couper le garçon en la saisissant par les épaules.
– Arrête de jouer le mec gentil ! Cria-t-elle en se libérant des mains du garçon. Je me suis laissé aller cette nuit-là parce que je pensais qu’il ne pourrait rien arriver. J’avais confiance en toi et tu…
– Et je quoi ? Coupa soudainement Eun-Gi. Je crois que toi et moi, on a pas vécu la même soirée à Vienne.

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